Je poursuis mes articles destinés à aider les lecteurs du site sur les options possibles pour aboutir au règlement d’une succession bloquée (vous pouvez consulter mes articles précédents concernant la sommation d’opter, la vente d’un bien indivis ou encore la désignation d’un mandataire successoral) .
Lorsque toutes les démarches amiables ont échoué, il est nécessaire et le notaire jusqu’alors en charge de la succession l’a peut-être lui-même recommandé, d’assigner en compte, liquidation et partage (= procédure de partage judiciaire).
Cet article est valable, à quelques nuances près, dans le cadre d’un partage à la suite d’un divorce, comme dans le cadre d’un litige lié à une indivision successorale.
Comment procéder ?
La représentation par un Avocat pour une assignation en liquidation-partage est obligatoire, ce qui signifie que vous ne pourrez vous présenter vous-même devant le Tribunal.
C’est le Tribunal du dernier domicile du défunt qui est compétent (se reporter à l’adresse de l’acte de décès ou de l’acte de notoriété).
En quoi consiste une assignation en liquidation-partage ?
L’acte introductif d’instance, appelé assignation, doit rappeler les diligences déjà réalisées, les actifs concernés (biens mobiliers, immobiliers …) ainsi que les demandes de l’héritier qui forme la demande en partage.
Il sera indispensable, pour respecter les termes de l’article 1360 du Code de Procédure civile, de justifier des démarches menées, faute de quoi le Tribunal pourrait ne pas se pencher sur l’affaire.
A la suite de la délivrance de l’assignation par huissier, s’ensuivent des échanges entre les parties (ce qui s’appelle la procédure de mise en état), jusqu’à la clôture et aux plaidoiries.
A l’issue des plaidoiries, un jugement sera rendu (compter environ un mois et demi entre l’audience de plaidoiries et le prononcé du jugement)
Deux options pour le jugement :
– le Tribunal constate que la situation et simple, ordonne directement le partage (article 1361 du code de Procédure civile) et mandate un notaire pour rédiger l’acte
– si la situation est complexe, le Tribunal ordonne une procédure de liquidation complète avec la désignation d’un notaire et d’un juge qui devra surveiller les opérations de liquidation
Pour que le partage soit qualifié de simple à réaliser, il faut qu’il n’y a pas de doute sur la composition de l’actif et du passif.
En pratique, il est beaucoup plus souvent ordonné la désignation d’un notaire et d’un juge commis.
Je n’aborderai donc dans l’article que la procédure de liquidation en présence d’une succession dite complexe.
Comment est désigné le notaire qui va procéder au partage?
Les parties peuvent être d’accord sur le notaire qui sera commis pour procéder aux opérations.
A défaut d’accord, le Tribunal désignera un notaire. A Paris, il s’agit en priorité des notaires qui se sont portés volontaires sur la liste du Tribunal.
Le notaire doit adresser (Charte entre la Chambre interdépartementale des notaires de PARIS et le Tribunal) dans les 15 jours suivant sa désignation une convocation aux parties.
Comment se déroule ensuite la mission du notaire?
A compter de la désignation du notaire, l’assistance par un Avocat, bien que vivement recommandée compte tenu de l’importance de l’opération, n’est plus obligatoire.
Il convient de rappeler que tous les échanges avec le notaire doivent être contradictoires.
Les documents devront donc être adressés à l’ensemble des parties et le notaire devra lui aussi respecter cette règle.
En vue du premier rendez-vous où il généralement sera dressé un procès-verbal d’ouverture des opérations de partage, les parties sont invitées à fournir toutes les pièces utiles au notaire.
Le notaire peut demander aux parties la production de certaines pièces.
Le notaire a, à tout moment, peut s’adresser au juge en cas de difficulté : le juge commis peut alors adresser des injonctions aux parties et au notaire.
Lorsque le notaire a suffisamment d’éléments, le notaire dresse un projet d’acte liquidatif.
Il est fréquent que le notaire avant d’élaborer un projet final, dresse un (ou des) pré-rapport(s).
Lorsque le notaire estime que son projet d’acte liquidatif est suffisamment abouti, ce dernier convoque les parties.
A ce stade de la mission du notaire, les parties peuvent approuver le projet de partage et le signer ou n’être toujours pas d’accord.
Dans cette hypothèse, le notaire va dresser un procès-verbal de dires.
Il est très important à cette occasion de faire consigner l’ensemble des points de désaccord faute de quoi ces points de litiges ne pourront plus être abordés devant le juge.
Si un procès-verbal de dires est dressé, le notaire adresse une copie de cet acte avec le projet d’acte de partage au juge commis.
Les parties retournent donc devant le Tribunal…Il est de nouveau obligatoire pour cette phase du dossier d’être représenté par un Avocat.
Le retour devant le Tribunal
Le juge commis tente encore de concilier les parties.
Si aucun accord n’est trouvé, le juge commis établit un rapport (article 1373 du Code de Procédure civile) à destination du Tribunal.
Une nouvelle audience est fixée et de nouvelles conclusions sont échangées entre les parties.
Si l’affaire est à ce stade encore trop complexe parce qu’il subsiste de trop nombreux points de désaccord, l’affaire peut encore être renvoyée à la mise en état (= audiences de procédure).
Le Tribunal prononce alors un jugement tranchant les difficultés entre les parties, soit en homologuant l’état liquidatif ou en renvoyant les parties devant le notaire pour établir l’acte constatant le partage
Combien de temps durent les opérations de partage devant le notaire commis ?
Le notaire doit exécuter sa mission dans un délai d’un an, conformément à l’article 1368 du Code de Procédure civile.
Toutefois, en cas de complexité particulière, ce délai pourra être prolongé d’un an.
Vous avez des questions concernant le partage judiciaire ?
Vous souhaitez être assisté devant le notaire qui a été désigné par le Tribunal ? N’hésitez pas à contacter le Cabinet, une réponse est garantie sous 24 heures.
Le Cabinet propose aussi un service de consultation en ligne.
A la lecture de votre article je m’interroge sur un point essentiel. Si les héritiers sont en présence d’un notaire véreux et ne respectant pas l’exécution d’un jugement, comment le juge chargé de la surveillance des opérations par ce notaire peut-il, dans le cadre d’une telle charte ou alliance, garantir son impartialité vis-à-vis du notaire et parallèlement garantir aux parties son intégralité ?
Bonjour,
Ce sont les représentants du Tribunal et de la Chambre qui signent ces conventions, sans connivence particulière. Le juge a tout à fait la possibilité en cas d’inertie du notaire ou de contexte particulier de dessaisir le notaire et d’en commettre un autrE.
Cordialement,
Maître Emmanuelle LABANDIBAR-LACAN
Bonjour,
La mission du notaire aprés partage judiciaire est d’établir un projet liquidatif accepté et signé ou pas. Mais qu’en est il lorsqu’il est effectivement signé par les parties, avec un indivisaire qui émet et consigne par écrit une réserve?La suite à donner est elle identique à ce qui est expliqué dans votre article?
Cdlt
Bonjour,
Tout dépend de la réserve. Si celle-ci signifie qu’il n’y a pas en réalité d’accord pour le partage, oui il faut procéder comme décrit dans l’article.
Cordialement,
Maître Emmanuelle LABANDIBAR-LACAN
La chambre des notaires de Paris m’informe que la présence de mon avocat n’est pas utile lors de la signature de l’acte de notoriété. Notaire désigné par jugement au TGI.
Merci de me confirmer cette information.
B.G
Madame,
Ceci n’est pas obligatoire mais est tout à fait possible si vous le souhaitez, notamment si vous souhaitez avoir des conseils sur la portée de cet acte selon les mentions qui y seront insérées.
Cordialement,
Maître LABANDIBAR-LACAN
bonjour, mon mari est dans le cas d’un partage judiciaire qui perdure depuis 2012. un notaire a ete commis au partage judiciaire des biens dependants de la succession de sa mère en qualité de detenteur des minutes .A ce jour le notaire reste injoignable .Nous avon fait un courrier a la chambre des notaires mais ne semble pas pouvoir obtenir plus d’infos que doit on faire?
Bonjour,
Il faut dans ce cas ressaisir le juge pour solliciter un changement de notaire.
Cordialement,
Maître Emmanuelle LABANDIBAR-LACAN
Dans une situation de succession bloquée pour la vente de la maison familiale, certains héritiers ont l’intention de faire une assignation au TGI. Si leur démarche est effective, pouvez-vous me dire si les autres héritiers ( qui subissent l’assignation) doivent obligatoirement être assistés d’un avocat au TGI .
Je vous remercie de votre réponse.
Bonsoir,
Je vous confirme que le ministère d’Avocat est obligatoire en matière de liquidation-partage.
Cordialement,
Maître Emmanuelle LABANDIBAR-LACAN
Bonsoir Maître,
Une fois le procès verbal dressé par le notaire et le dossier renvoyé au tribunal combien de temps peut prendre la procédure ?
Merci d’avance pour votre réponse
Bien cordialement
Difficile à dire, tout dépend du Tribunal (certaines sont plus engorgées que d’autres), du nombre de parties, du nombre de difficultés…
Cordialement,
E.LABANDIBAR-LACAN
Nous sommes deux héritiers. Outre les liquidités, il y a deux maisons. Les estimations ont été faites et données au notaire de la succession. Une des maisons est en vente depuis 7 mois, beaucoup plus chère que l’évaluation, sans agence à la demande de l’autre héritier. Aucun acheteur à ce prix. Il refuse les propositions des acheteurs.
Je souhaite racheter les soultes de mon frère pour l’autre maison, car il avait un projet immobilier couteux et incertain sur celle ci. je ne voulais pas rester dans l’indivision compte tenu de nos différents.
Il me demande beaucoup plus que le prix, bloque la succession depuis mai 2017, surévalue tous les biens malgré les différentes estimations. il refuse les montants proposés par le notaire pour un accompte aux impots. Que faire ?
Bonjour,
Dans ce cas après une dernière tentative de partage amiable, il sera peut être nécessaire d’avoir recours à un partage judiciaire et à des expertises judiciaires.
Restant à votre disposition,
Cordialement,
Maître Emmanuelle LABANDIBAR-LACAN
Bonjour
Merci pour votre article qui éclaire ma lanterne quand au partage judiciaire.
Mon frère et moi sommes les 2 héritiers de notre mère qui vient de décéder. Elle a rédigé un testament en ma faveur, mais mon frère le conteste et conteste aussi le notaire que j’ai choisi pour établir la succession. Aujourd’hui, mon avocat a saisi le juge aux affaires familiales pour faire avancer la succession qui est bloquée par mon frère. Pourquoi avoir choisi ce juge et non le TGI ? Il y a t-il un avantage ou un inconvénient à prendre ce juge plutôt que le TGI ?
En vous remerciant
Bonjour,
Il paraît étrange que ce soit le JAF et non le TGI. Le JAF intervient dans les partages post-divorce.
Cordialement,
Maître Emmanuelle LABANDIBAR-LACAN
Bonjour Maitre,
Vous faites état que le concours d’un avocat n’est pas obligatoire dès que le jugement de partage a été rendu et que l’on peut donc communiquer avec le notaire, sur quel texte vous basez vous.
En effet, dans mon affaire le notaire commis par le tribunal refuse tout contact sans la présence de mon avocat.
Deuxièmement, quel faute commet le notaire lorsque qu’après sa désignation il refuse pendant plusieurs années d’effectuer le partage sans aucun motif.
Bonsoir,
Si vous avez un Avocat, le notaire ne peut correspondre qu’avec celui-ci. Si vous n’avez pas d’Avocat du tout, le notaire est obligé de correspondre avec vous.
Le notaire peut éventuellement engager sa responsabilité s’il est prouvé qu’il a commis une faute dans l’exercice de sa mission et surtout il faudra prouver qu’avec diligence, il aurait réglé le dossier.
Pas évident face à des héritiers qui ne s’entendent pas…
Cordialement,
E.LABANDIBAR-LACAN
Bonsoir, je suis actuellement intéressé par un bien en indivision, il y a 6 héritiers qui n’arrivent pas à s’entendre, certains réclame des salaires différés, d’autre conteste l’estimation du bien faite par le notaire etc.. En Février 2021 le tribunal statuant par jugement contradictoire rendu avant dire droit à ordonné qu’il soit procédé à la liquidation et aux partages de la succession, et a pour se faire mandater un notaire. Me concernant j’ai fait il y a quelques semaines une offre d’achat à hauteur de l’estimation du notaire, que j’ai transmise aux notaires et aux héritiers, j’ai également inclus dans cette offre une condition suspensive de vente d’un bien immobilier (ma maison d’habitation). Pour le moment il semblerait que seul 4 sur 6 serait favorable à mon offre 1 ne voudrait plus entendre parler de cette succession et l’ainée souhaite ventre 35 000euros de plus et refuse de signé l’offre. J’ai eu pas mal de visite sur mon bien et je devrais très prochainement recevoir une offre d’achat. Quelle sont mes chances d’aboutir sur ce bien ? sous quel délai ? Et sous quelle procédure ? Par avance je vous remercie grandement de votre précieuse aide.
Bonjour, il vaudrait mieux que les héritiers qui ont accepté l’offre saisissent le Tribunal aux fins d’être autorisés à passer seuls la vente car le partage peut durer encore longtemps.
Cordialement,
Maître Emmanuelle LABANDIBAR-LACAN
Bonsoir,
Dans le cadre d’une liquidation successorale bloquée avec plusieurs héritiers, est-ce qu’un seul des héritiers peut demander au notaire l’établissement du procès verbal de difficultés ?
Bonjour,
Oui tout à fait.
Cordialement,
E. LABANDIBAR-LACAN